Figure incontournable de la scène artistique québécoise et internationale, Martin Messier orchestre un dialogue entre son, lumière et mouvements. Son art de la mise en scène et son aptitude à combiner les technologies aux éléments naturels (eau, fumée, ondes, électricité…) l'ont conduit à développer un corpus sur notre perception des phénomènes physiques. Il explore leurs manifestations - des plus imperceptibles aux plus monumentales - par le biais de dispositifs extraordinaires. Ses performances et installations oscillent entre ordre et chaos, instaurent une tension contemplative conviant le public à vivre une expérience synesthésique, parfois proche du spirituel.
Après avoir exploré la musicalité d’objets du quotidien – des projecteurs (Projectors, 2014) ou des machines à coudre dans Sewing Machine Orchestra (2010) – Martin Messier étend sa recherche aux textures sonores et visuelles abstraites. Avec Field (2015), l’artiste capte les champs électromagnétiques omniprésents dans l’environnement pour en faire une œuvre où jeux d’ombres, faisceaux lumineux et compositions sonores s’enrichissent. Dans Echo Chamber (2020), il détourne les scans d’un échographe pour créer une partition d’arcs électriques et de corps lumineux. En 2023, Martin Messier signe 1 drop 1000 years, une œuvre sensible où chaque interaction s’intègre dans un continuum poétique. Les particules d’eau forment un ballet sonore et visuel hypnotique, traduisant la fragilité des écosystèmes et l’harmonie délicate de toutes matières.
Chaque œuvre est composée de tableaux dans lesquels la présence du corps humain est centrale. Innervision (2019) rassemble ainsi 60 danseur·euses positionné·es face à des tables lumineuses et amplifiées. Leurs gestes chorégraphiés, d’une précision extrême, tendent à souligner nos connexions à la Nature et notre rapport à l’intériorité. Martin Messier demeure protagoniste de toutes ses performances. Comme dans Con Sordina (2021) où l’artiste, nu, nous invite dans le subconscient d’un personnage et fait voyager à travers les multiples émotions qui le traversent. Dans ses travaux, les limites corporelles sont continuellement questionnées : on ne sait plus si les dispositifs sonores et visuels sont la prothèse symbolique du corps en mouvement… ou si c’est l’inverse.
L'inventivité de l’artiste se distingue par la diversité des dispositifs qu'il conçoit. Ses œuvres se concrétisent par des machines étonnantes, comme Machine_Variation (2014), ou par des structures à l'apparence minimaliste telles que Cycles (2023). Certaines créations se révèlent plus immatérielles. Dans Elusive Matter (2021), des volutes de fumée s’élèvent au-dessus des spectateur·rices, brouillant leurs repères spatiaux par des projections lumineuses subtiles. Conçus dans son atelier montréalais, ces dispositifs possèdent une vie autonome et sont présentés sous forme de performances déclinées en installation.
Son travail est présenté par des institutions internationales dédiées au spectacle vivant et à l’art contemporain comme le Festival TransAmériques, Trafó Budapest, Arts Korea Lab Festival à Séoul ou le Festival of contemporary arts à Prague. Les œuvres de Martin Messier, récompensées par de nombreux prix (Prix Ars Electronica, Japan Media Arts Awards, World OMOSIROI Award…), ont été programmées dans les plus grands centres et festivals d’arts numériques tels que Mutek, Transmediale, Sonar ou Nemo. L’artiste s’associe à des artistes numériques (Nicolas Bernier, Samuel St-Aubin…) et des danseur·euses reconnu·es (Caroline Laurin-Beaucage, Anne Thériault…) et s’entoure de creative technologists de talent (Nathanaël Lécaudé, David Gardener…).
— Adrien Cornelissen, Culture des musiques digitales
«En acceptant la triple posture de concepteur sonore, scénographe et chorégraphe, Martin Messier fait dialoguer tous les éléments du spectacle pour créer un objet équilibré et harmonieux»
— Sara Thibault, montheatre.qc.ca
«Ces apparitions brouillent les étiquettes de l’intervention scénique. En confondant le spectateur sur ce qui est à l’origine du son ou de l’action, l’objet ou celui qui l’active, le concepteur ou celui qui l’opère, ses oeuvres semblent chaque fois enrichir les termes de « mise en scène » et de « performance » d’un sens premier, concret. »
— Marion Gerbier, La scena musicale